Catastrophe industrielle Lubrizol à Rouen: quels risques?

Quels sont les véritables risques suite à l'inhalation des retombées de fumées de l'incendie du Lubrizol à Rouen? À quelle dose? Quelle durée d'exposition? Nous étudions ces questions sous le prisme des sciences.


 

Table of Contents

Contexte

Le jeudi 26 Septembre 2019 à 2h40, un incendie se déclare au site industriel Lubrizol à Rouen. Lubrizol est un site classé SEVESO seuil haut, c'est-à-dire qu'il traite des produits chimiques à haut risques. Le panache de fumée qui s'en dégage est estimé à 22 kilomètres de long et 6 kilomètres de large. À 9h, la préfecture de Seine-Maritime émet des consignes de sécurité standardes, et à 17h30 le même jour l'incendie est maitrisé. Voici ce qu'on pouvait voir du site:

https://twitter.com/Brevesdepresse/status/1177105190236905472

https://twitter.com/manni477/status/1177539221571166208

https://twitter.com/PumP_uuP_/status/1177442018961678336

https://twitter.com/CerveauxNon/status/1177319043482734593

Et en ville:

https://twitter.com/CharlesBaudry/status/1177660631253766145

Le même jour, le Ministre de l'Intérieur Christophe Castaner annonce qu'«il n'y a pas de raison de s'inquiéter outre mesure» et que la population pouvait vaquer à ses occupations habitulles puisqu'«aucun élément n'amène à penser qu'il faut se confiner». Qu'en est-il vraiment?

Gestion de l'accident industriel

D'une part, la préfecture elle-même a rapidement émise plusieurs consignes, dont celle de se confiner tant que l'incendie n'était pas maitrisé, ainsi que d'éviter la consommation de fruits et légumes. Étant donné le temps qu'aurait nécessité une évacuation des civils, et leur exposition accrue par conséquence, la consigne de confinement fait sens et a probablement été la meilleure décision afin de limiter les risques pour la population. Néanmoins, il est à noter que ces consignes ne sont apparues qu'à 9h, alors que l'accident industriel a eu lieu vers 3h du matin, plusieurs heures se sont donc passées sans que les civils n'aient eu de consignes de sécurité.

D'autre part, des voix se sont insurgées contre la gestion minimisée et minimaliste de cette «catastrophe sanitaire», comme celle d'Annie Thébaud-Mony, universitaire spécialiste de la sociologie des crises sanitaires et des catastrophes industrielles. Elle dénonce un confinement et une communication insuffisantes. Elle conseille aux personnes présentes dans les environs à cette date de procéder à un suivi médical, et appelle le gouvernement et l'industriel à prendre leurs responsabilités en assurant un tel suivi. Elle y dénonce également l'«impunité des crimes industriels», avec par exemple Lubrizol elle-même condamnée à une simple amende de 4 000 euros pour un précédent scandale sanitaire de la fuite de mercaptan en janvier 2013.

https://twitter.com/Sophie_Chapelle/status/1177459378317717504

Le préfet emboitant rapidement le pas au Ministre de l'Intérieur, celui-ci a déclaré une «absence de toxicité aigüe dans l'air». Néanmoins, la définition de «toxicité aigüe» est ici assez peu commune, plus proche de la DL50 en chimie, signifiant ici qu'au contact du nuage de fumée, «vous respirez, vous mourrez immédiatement». C'est donc une définition très différente de celle médicale, pour laquelle une toxicité aigüe signifie qu'il y des «effets défavorables survenant à tout moment après une exposition unique, répétée ou continue d’un échantillon d’essai sur une durée de 24h (ISO10993-11)» selon l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM). Cette déclaration du préfet n'apporte donc que peu d'information quant au réel risque sanitaire à l'exposition de la fumée du site Lubrizol.

L'observation par des citoyens de gendarmes à proximité du site portant des masques n'aidant pas.

https://twitter.com/RemyBuisine/status/1177711903738609664

Nous savons également qu'il y eu une hausse dans le nombre d'appels au SAMU, à la fois une hausse de 50% d'après la préfecture pour un total de plus de 1200 appels (cela signifie qu'il y a 800 appels d'habitude par jour pour environ 100 000 habitants, soit environ 0.006% de la population appelant chaque jour le SAMU?).

Malgré la communication confuse du gouvernement, dans le but d'«éviter la panique», la couverture minimaliste des médias, il n'y a aucun doute, d'après les informations mêmes de la préfecture, qu'il y avait des risques sanitaires le 26 et le 27 Septembre nécessitant un confinement immédiat de la population. Quant est-il aujourd'hui, quelques jours après l'accident industriel?

https://twitter.com/RBlandamour/status/1177447343802576896

https://twitter.com/arretsurimages/status/1177884397355372549

https://twitter.com/Fakir_/status/1177890789143252999

Transparence et mesures de la qualité de l'air

Depuis le 26 Septembre, le personnel de la préfecture avait fait un honnête travail de transparence, en publiant régulièrement des mises à jour et même les relevés des mesures de concentration en CO2 et de certaines particules sur plusieurs sites. Néanmoins, ce document publié le 27 Septembre à 13h30, ne fait état d'aucune anomalie significative dans les relevés, à part pour le site même de l'incendie du Lubrizol. Le 28 Septembre soir, le préfet communique au public cette même information, indiquant que l'«air est revenu à une état habituel de la qualité de l'air à Rouen [...] à l'exception du site lui-même», les COV étant tous en-dessous des seuils de détection.

Face à ces déclarations officielles, plusieurs acteurs font part de leurs doutes et demandent plus d'informations et d'analyses. Par exemple, la CGT rappelle que la préfecture refuse de donner la liste exacte des produits contenus sur le site, notamment des hydrocarbures aromatiques polycycliques, produit considéré cancérogène, ainsi qu'une toiture contenant de l'amiante. Des habitants ont également manifesté devant la préfecture, réclamant la «fermeture de Lubrizol».

https://twitter.com/RemyBuisine/status/1177606673390854144

La liste complète des produits et matériels employés au site de Lubrizol est consultable sur le site du gouvernement.

Pourtant, des témoins sur place font état d'observations qui ne semblent pas avoir été consignées dans les relevés de la préfecture, comme des galettes d'hydrocarbures, «de la suie qui s'est agglomérée du fait de la pluie, une combinaison d'additifs d'huiles de moteur et d'hydrocarbures». Suite à la consultation des relevés de la préfecture, plusieurs association déclarent que «les autorités n'ont pas cherché les bons polluants, probablement faute de détecteur adapté».

https://twitter.com/davidperrotin/status/1177700118319058946

Risques à moyen et long terme

Pour l'instant, les autorités se veulent rassurantes, et ne mentionnent que la qualité de l'air comme mesure de la sécurité des lieux. Aucune nouvelle information n'a été pour le moment donnée sur la concentration de produits toxiques dans les sols par exemple.

Tout d'abord, remarquons que les pompiers travaillent encore sur le site (au 28 Septembre), ce qui indique que le site est encore en cours de nettoiement, comme estimé quelques jours avant par le Ministre de l'Intérieur.

Une liste des composés du Lubrizol peut être trouvée dans ce document. Le Lubrizol est lui-même classifié chimiquement comme composé très dangereux. On y apprend également que la firme elle-même a calculée qu'une exposition à plus de 20 mg/l dans l'air et pendant au moins 4h produisait une toxicité aigue par inhalation, ce qui est peu. Néanmoins, ces calculs valent pour le produit Lubrizol sans combustion, mais cela peut donner un ordre d'idée sur ce que la combustion de tels produits peut engendrer, la fumée de l'incendie contenant à la fois ces composés nécessaires à la production ainsi que les matériaux des bâtiments et des outils eux-mêmes.

Nous pouvons aussi nous inspirer de ce qu'il s'est passé pour d'autres cas. Un cas très récent est celui de l'incendie de Notre-Dame De Paris le 15 avril 2019, avec une gestion sanitaire similaire par le même gouvernement. Dès juin, le magazine Sciences et Avenir remettait en cause la réthorique gouvernementale concernant l'absence de risques. Nous avons depuis appris, via une excellente enquête du New York Times, qu'à la fois la superficie des retombées (voir animation ci-dessous), la durée d'exposition et de nettoyage, ainsi que le nombre d'habitants (et notamment d'enfants) potentiellement à risques ont été largement sous-estimés. En effet, début Août, le gouvernement a fait procéder au dépistage au plomb de 160 enfants, quand le NYT estime qu'un total de 6 000 sont à risque, soit seulement 0.027% de dépistés. Et on ne parle ici que du plomb.

https://twitter.com/gjsciences/status/1173703362182885376

Est-ce que les sciences peuvent nous aider à mieux traiter ces catastrophes industrielles et sanitaires? Malheureusement, le manque de données pouvant permettre de quantifier et d'analyser ces phénomènes sont très rares. Néanmois, le Royaume-Uni a mis en place de telles mesures systématiques avec un accès ouvert aux chercheurs en 2009 depuis une catastrophe similaire, l'incendie du dépôt de Buncefield en 2005. Cela a permis de créer un nouveau domaine d'étude scientifique, celui de l'impact des incendies industriels sur la qualité de l'environnement.

En Mars 2018, une excellente étude et revue de ce domaine a été publiée. Nous allons ici résumer quelques-uns des points les plus importants.

Tout d'abord, une étude sur les particules fines telles qu'émises par les moteurs à diesel révèlent que la toxicité peut arriver en bien moins de temps que précédemment pensé. En effet, sur des sujets sains, une inflammation (aigüe) des poumons a été diagnostiquée suite à une exposition... de 2h seulement.

La compilation des données des incidents au RU montre qu'ils sont davantage susceptibles de se produire en été, avec, on s'en doute, davantage de dégats environnementaux puisque davantage de difficultés à éteindre. Notons d'ailleurs cet autre incendie d'un site classé Seveso aux portes de Paris en Juillet 2019, sans que cela ne fasse grand bruit (période estivale...).

Sur 23 incidents, 3 ont produit une concentration de particules atteignant (et peut-être dépassant) les capacités de mesure des outils utilisés, c'est-à-dire plus de 6000μg m− 3 de particules PM10. Ce n'est néanmoins que les valeurs les plus extrêmes, la figure 2 montre les concentrations médianes et à plusieurs quartiles avec un boxplot. Néanmoins, on peut observer que les valeurs sont toutes proches ou dépassent 100 à 300 μg m− 3, et l'on sait qu'une exposition à 1 ou 2h à ces concentrations produit déjà une inflammation des voies respiratoires supérieures et des alvéoles. Des résultats similaires ont été aussi observés pour PM2.5. Après 18h, les sujets ayant participé à cette étude ont vu une croissance de leur taux sanguin fibrogénique, ce qui est associé à un plus grand risque de développer un AVC.

Étrangement, et de façon intéressante, les personnes asthmatiques semblent être moins sujettes au risque de développer une inflammation, du fait qu'ils aient une production accrue d'un anti-inflammatoire endogène.

Le facteur inflammatoire IL-8 a été observé chez des sujets sains exposés à une quantité importante de monoxyde de carbone plus de 3 mois après l'exposition, montrant que l'inflammation ne se résorbe pas dans les jours suivants l'exposition.

Il semble que l'exposition courte aux particules et monoxyde de carbone n'induit pas de trouble à long terme ni de risque accru d'hospitalisation. Néanmoins, lorsque l'exposition est relativement longue (24h ou plus), le risque de mortalité est accru de façon robuste (0.5% de croissance pour chaque 10 μg m− 3 de particules PM). Les auteurs en concluent que le principe de précaution concernant l'exposition aux particules devrait être observé lors d'incidents industriels majeurs.

Notons pour finir que cette étude, bien que détaillée, n'est qu'une des premières dans son genre et surtout qu'elle n'étudie qu'un aspect bien précis de ces catastrophes industrielles, en l'occurrence la qualité de l'air. Il y a d'autres facteurs à risques, notamment la contamination des terres par les hydrocarbures qui peut rendre toxique la consommation des produits, ainsi que la contamination des eaux, dont on connait la difficulté à expurer les hydrocarbures et le temps que cela prend.

https://twitter.com/RemyBuisine/status/1177653449829359617

D'autre part, le domaine de l'étude des risques sanitaires conséquemment aux accidents industriels n'est que très récent (du fait du manque de données auparavant), aussi ils n'ont pu évaluer que le risque à court et moyen terme, nommément le risque accru d'inflammation respiratoire et de décès toutes causes. Il n'y a donc pour le moment que peu d'information concernant le risque à long terme, par exemple cancers, mais le fait que ces incidents industriels produisent des inflammations respiratoires n'est pas bon signe. C'est d'ailleurs l'avis d'Annie Thébaud-Mony, pour qui il y a «un vrai risque de développer des cancers sur le plus ou moins long-terme».

Enfin, l'étude citée ci-dessus s'est limitée à l'étude des particules fines, et non pas d'autres produits potentiellement toxiques qui pourraient également entrer dans la composition des nuages de fumées.

Concernant le risque de radioactivité, aucun composé radioactif ne rentrait dans la composition de ce qui était produit sur le site, les seuls composés radioactifs étant contenus dans certains outils d'après le préfet. Aucun de ces outils n'a vraisemblablement été endommagé par l'incendie après une double évaluation par les services de la préfecture et des pompiers. En consultant la fiche du gouvernement, on peut y constater qu'il y a deux "sources radioactives scellées" de 6882 MBq (Méga-Becquerels) chacune, contredisant donc les affirmations du préfet (probablement niant les sources radioactives pour ne pas affoler la population). Cela ferait donc un total d'environ 13.8 millions Becquerels de sources radioactives sur ce site, ce qui ne représente apriori pas vraiment un risque sanitaire même si elles venaient à avoir été endommagées dans l'incendie, ce qui n'est pas le cas d'après le préfet et les pompiers. Merci à Minga (@revoltes) pour l'info!

https://twitter.com/revoltes/status/1178080148668764160

https://twitter.com/revoltes/status/1178096353743966209

Comment faire mieux dans la gestion de telles catastrophes?

Annie Thébaud-Mony recommande vivement la «tenue d'un registre de suivi de progression des cancers dans des secteurs qui ont connu une telle catastrophe industrielle».

Le recours (voire le développement scientifique) de l'extreme value theory, une branche relativement récente des statistiques qui vise à mieux prédire les chances et la fréquence que de telles catastrophes surviennent. L'article cité plus haut étudie également la possibilité de prédire le risque sur 24h à l'exposition aux particules étant donné les mesures de concentration à 1h. Celui-ci suggère également des procédures de gestion des incidents industriels majeurs.

La mesure systématique et l'ouverture public et aux chercheurs de relevés détaillés de la qualité de l'air, mesures qui devraient être renforcées autour des sites sensibles, comme l'ont fait le Royaume-Uni suite à l'incendie du dépôt de Buncefield en 2005, et de toute autre mesure environnementale telle que la qualité des sols.

Il faut également s'assurer qu'un fond puisse prendre en charge le suivi de la population, l'indemnisation des victimes et la réparation des dégats, comme la taxe sur les activités polluantes et les installations classées, malheureusement supprimées par le gouvernement Macron depuis 2018. Un fond public est effectivement nécessaire, puisque les acteurs privés ne fournissent qu'un financement minime à de telles initiatives, la démarche étant bien évidemment marketing que d'intérêt public.

Épilogue

Cette section a été écrite le 19/10/2019. De nouvelles informations sont apparues depuis la publication de ce billet, dont notamment plusieurs chimistes qui ont alerté sur les risques et se sont insurgés contre la communication du gouvernement, qui n'avait alors effectué qu'un pourcent des analyses:

https://twitter.com/leGneral2/status/1178971215152726016

https://twitter.com/Philipp17159620/status/1180039983316504577

https://twitter.com/Pabloneruda54/status/1181818537855393792

https://twitter.com/Gjpvernant/status/1180402914302537728

https://twitter.com/Circonscripti18/status/1179293715719962624

https://twitter.com/poxxk/status/1179356073226047489

https://www.paris-normandie.fr/actualites/societe/incendie-de-l-usine-lubrizol--les-analyses-livrees-par-la-prefecture-sont-hors-de-propos-CG15643562

https://twitter.com/Actuenviro/status/1184419912489623557

https://twitter.com/RevPermanente/status/1180022258519220224

On apprend aussi que le nombre de produits chimiques ayant brûlés a été revu à la hausse, quasiment doublé. Cela signifie que le premier décompte communiqué était à peu près divisé par deux, de façon étrangement analogue aux décomptes de foules de manifestants opposant le gouvernement.

Enfin, on apprend que pour l'incendie de Notre-Dame-de-Paris, un autre scandale sanitaire très récent, l'Agence Régionale de Santé a menti par deux fois: une fois en minimisant la concentration en plomb sur les sites autour, et une seconde fois en modifiant en catimini le taux légal de concentration en plomb!

https://twitter.com/anatolium/status/1185283725904490497

Nous vous renvoyons sur notre fil twitter à ce sujet, et surtout vers l'excellent article du New York Times qui a mis au jour les premiers ce scandale sanitaire français caché par les autorités (et surtout mettant en danger la vie de nombreux citoyens).

Appendice: les inquiétudes des pompiers

Les pompiers en intervention sur ce site se sont vu offrir la possibilité de procéder à des bilans sanguins. Sur les 900 pompiers convoqués sur le site, 400 ont procédé au bilan, et 6 ont vu un bilan hépatique (foie) anormal. Cela représente 1.5% de bilans anormaux. Bien qu'il soit possible que ces anormalités hépatiques soient dues à leur intervention, ce faible pourcentage pourrait aussi indiquer des variations inter-individuelles dues à d'autres facteurs, qu'on appelle en sciences des facteurs confondants. Pour pouvoir savoir s'il y a un lien avec les substances volatiles de Lubrizol, il faudrait davantage d'information, comme par exemple connaitre le lieu exact d'intervention des pompiers, afin de voir s'il y a un lien entre la proximité avec les lieux à forte concentration (comme publiés par la préfecture dans un des liens ci-dessus) et l'anormalité des bilans. Notons enfin qu'un bilan sanguin, bien que certainement utile en dépistage, ne nous semble pas suffisant pour dépister tous les risques liés à une exposition aux composés volatils après un accident industriel, une radiographie ou échographie de la cage thoracique par exemple serait certainement très utile pour évaluer l'atteinte pulmonaire, ce qu'un bilan sanguin ne peut faire que très indirectement et avec bien plus de taux de faux négatifs.

Addendum: rassurer plutôt qu'informer

Pourquoi la préfecture a attendu 9h avant de prévenir les habitants, soit plus de 6h après que l'accident se soit déclaré? Pourquoi différents membres du gouvernement se sont empressés de communiquer sur cet accident, sans avoir aucune information à ce moment-là? Pourquoi le signal sonore qui doit retentir en cas d'accident industriel n'a-t-il pas été émis?

Defakator a effectué un excellent travail d'analyse sur la gestion, en terme de communication, autour de l'accident de Lubrizol à Rouen, complémentant la notre davantage orientée sur l'évaluation scientifique des risques sanitaires. Il y démontre le problème fondamental de la gestion de crise en France: la volonté de rassurer, plutôt que d'informer, fondé sur une croyance infondée scientifiquement que la population pourrait paniquer et agir de façon irrationnelle sous l'effet de la peur.

En effet, les scientifiques spécialistes de la question ont démontré maintes fois, en condition réelle comme par exemple le 11 Septembre aux États-Unis, que les populations ne paniquent pas, mais s'entraident en cas de catastrophe afin d'accroitre mutuellement les chances de survie. En effet, tout le monde sait intuitivement que lorsqu'une catastrophe nous menace tous, on a plus de chances de s'en sortir ensemble que seul...

C'est donc par peur de cette «panique des foules», qui n'existe que dans l'imaginaire des politiques, que ceux-ci évitent d'informer, quitte à faire prendre à la population des risques sanitaires majeurs. Comme nous l'avions rappelé, cela était déjà arrivé lors du passage du nuage de Tchernobyl, et pour exactement la même raison comme le montre Defakator. En plus de 30 ans, les gouvernements français n'ont absolument rien appris en terme de gestion de crise. Et c'est spécifique à la France, les autres pays ne désinforment pas ainsi leur population. Mention spéciale d'ailleurs à certains journalistes qui se sont cru malins de crier à la "fake news", alors que la censure et même la désinformation gouvernementale sur le nuage de Tchernobyl est un fait établi (voir la vidéo de Defakator).

Pour plus d'infos, visionnez l'excellente analyse de la communication de crise du gouvernement autour de Lubrizol par Defakator, (et n'hésitez pas à visionner ses autres vidéos sur sa chaine Youtube!).

https://www.youtube.com/watch?v=HxPcKayB07w


MAJ 29/09/2019: ajout d'informations concernant les limitations de l'étude citée et du risque cancérogène.

MAJ 19/10/2019: ajout de l'épilogue.

MAJ 27/10/2019: ajout de l'appendice + ajout d'une note sur la consigne de confinement.

MAJ 17/11/2019: ajout d'un addendum avec l'analyse de Defakator sur la communication de crise des gouvernements français en cas d'accidents industriels.

Le texte de cet article est sous license Creative Commons Attribution 4.0 International (CC BY 4.0). Les images et vidéo sont les propriétés de leurs auteurs tels qu'indiqués en description ici ou sur la page liée. Image d’en-tête est notre composition à partir d'une photo de Heintol Kien (@manni477 sur Twitter).

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